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Périple Savoyard et Haut Savoyard Mai 2012

Je sais que certains font une crise d’urticaire lorsqu’on leur dit qu’il y a du bon vin en Savoie et Haute-Savoie. Il est évident que bien des domaines s’étaient tournés vers une viticulture productiviste au détriment de la qualité, pour répondre à la forte demande du tourisme de masse des Stations de ski Alpines.

Sans jeter la pierre à ces domaines là, il y a depuis quelques années un renouveau dans le paysage viticole Savoyard et Haut Savoyard.
La preuve en est que nous sommes revenus indemnes de ces dégustations et on vous a même ramenés des bouteilles sur lesquelles nous avons eu de belles émotions!!

Le Domaine Genoux « Château de Mérande » à Arbin (73) :

Le Domaine familial de 12 hectares a vu l’arrivée de Yann Pernuit après ses classes faîtes en Bourgogne, ce qui a insufflé un brin de fraîcheur en se tournant en 2009 vers la Biodynamie et obtiendra le label en 2012. Pour eux « un grand vin ne peut être que naturel », (ce que nous rejoignons volontiers) leurs différentes cuvées sont exemptes de produits oenologiques et l’usage du soufre est très modéré voir inexistant suivant les cuvées et les millésimes.

Nous partons avec Yann monter dans les vignes (ici le terme prend tout son sens).

Fort d’une observation permanente, le domaine a préservé un environnement naturel exceptionnel (terrasses, haies et bosquets) et a développé une conduite de protection et de soins sans désherbants et autres pesticides.

Leur superbe exposition sur le Mont Granier leur permet d’avoir de belles maturité et ils sont préservés des vents du Nord, la preuve est est que les Amandiers se plaisent à pousser entre deux parcelles!

Le cépage roi est la Mondeuse Noire (voisine de la Syrah) qui représente plus de la moitié du domaine.  On y trouve également un peu de Gamay en rouge et pour les blancs Jacquère, Altesse et Roussanne .

Nous avons ainsi goûté le millésime en cours d’élevage, et ensuite toute la gamme en bouteille sur différents millésimes.

On retrouve sur l’ensemble des cuvées une notion de terroir importante, de la fraicheur sur les blancs et des épices sur les rouges ainsi qu’un élevage en fut et foudre bien mené qui permettra aux vins de se bonifier avec l’âge.

Domaine Saint Germain à Saint Pierre d’Albigny (73):


Etienne et Raphaël Saint Germain ont repris le domaine familial de 10 hectares, labélisés en Agriculture Biologique ils se tourne également vers la Biodynamie. Ce sont des vignerons discrets, perchés sur les hauts de Saint Pierre d’Albigny au coeur du Parc Naturel régional des Bauges, offrant une vue imprenable sur les Alpes encore couvertes de neige sur leurs cimes. Petite balade dans les vignes avec Etienne et Snow « le composteur ambulant »  (leur chien), à travers   des coteaux escarpés, qui sont pour la plupart bien protégés par des petits bosquets et des chemins de randonnés, offrant ainsi une diversité de la faune et de la flore.

Ce qui ressort des dégustations sur fût et en bouteille des différentes cuvées c’est ce style simple, fruité, frais, droit et élégant. Le vin doit être le reflet d’un terroir mais également des personnes qui le font. Ici c’est le cas, Etienne ouvrant volontiers le débat sur nos remarques et commentaires.

Ils font partis des rares vignerons qui font des vins « qui miaulent » (comme dit Etienne) : Le Persan. Ce cépage savoyard avait quasiment disparu au détriment de cépages plus productifs. Ce cépage offre des rouges de caractère sur des beaux arômes de framboise, cassis, mûre, épices, cuir, donnant de jolis vins de garde. Le Persan n’a pas a rougir devant certaines Syrah des Côtes du Rhône Septentrionales.

Dominique Lucas, Les Vignes du Paradis à Ballaisons (74) :

Dominique s’installe en 2009 à Ballaison où il reprend des parcelles de Chasselas (dont certaines ont plus de 40 ans que l’on retrouve dans sa cuvée « Un Matin Face Lac ») qu’il travaille directement en Biodynamie (son prédécesseur n’utilisait déjà plus de produits chimiques dans les vignes). Très vite, il plante sur d’autres parcelles défrichées et travaillées au préalable du Chardonnay, du Savagnin et du Sauvignon, sans oublier des arbres fruitiers pour recréer de la biodiversité. Dans cet esprit la part animale à toute sa place et son importance, puisque il utilise des tondeuses sur pattes (appelées « moutons » dans certains endroits) et une partie du domaine est labourée à cheval. Ces animaux sont aussi un bon apport de compost  organique. De plus, les rangs sont complètement enherbé tondus une à deux fois dans l’année ce qui contraste franchement avec les parcelles lunaires que l’on aperçoit au loin…

Dominique aime les choses bien faîtes, il ne fait rien qui ne le satisfasse pas complétement. Le travail se fait avant tout à la vigne, lorsque l’on voit ces voisins avec une quinzaine de grappes par pied, lui en à 3 maximum. Cette maîtrise des rendements apporte toute la concentration que l’on retrouve dans ses vins. Sans parler des vendanges chez lui qui s’étalent sur plus de 2 mois, pas de pourris, uniquement des raisins parfaitement mûrs et sains. Pour le millésime 2011, cinq passages ont été effectués, cette rigueur et se travail on le retrouve en bouteille.

La Biodynamie porte ses fruits, l’évolution des vignes et de ses vins sont stupéfiantes. Il a gagné en complexité en l’espace de 3 millésimes, c’est vrai que sa manière de vinifier à également changé, puisqu’il utilise des oeufs béton de 600 litres. Cela lui permet d’exprimer d’avantage la pureté de chaque cépage et de chaque terroir, en étant quasiment pas interventionniste par rapport à une vinification en fût de chêne.

A la dégustation chez Dominique, même si l’on s’attend a être surpris, c’est toujours une grande claque :

Chardonnay et Savagnin en IGP de Savoie 2011, leurs premier millésime est déjà l’annonce de plusieurs grand millésimes.

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